🇫🇷 Pierre Lalive, Questions actuelles concernant l’arbitrage international, Cours de 1959-1960
Professeur, avocat, arbitre, Pierre Lalive (1923-2014) est considéré comme l’un des pères de l’arbitrage international contemporain. Il s’est d’ailleurs intéressé très tôt à la matière avec un premier article dans la Revue Générale de Droit International Public (RGDIP) sur l’Affaire de l’or monétaire albanais en 1953. Appuyé sur une maitrise parfaite de la doctrine et de la pratique, le professeur Lalive fait dans ce cours une synthèse du droit international de l’arbitrage sur deux points : la constitution du tribunal arbitral et les voies de recours contre les sentences arbitrales internationales. Ici, pas de séparation formelle de la procédure arbitrale entre privé et public. L’idée reviendra d’ailleurs dans ses écrits plus tardifs avec la notion d’ordre public transnational. Pierre Lalive cherche à saisir l’idée de l’arbitrage, par une approche certes technique, mais aussi téléologique et humaine (“science sans conscience…”, Rabelais). Les procédures peuvent diverger par la suite, influencées par les domaines concernés et les textes applicables. Mais une conception similaire de l’administration de la justice les irrigue. Il constate enfin l’évolution du contentieux international avec l’apparition des procédures “semi-international”, dont les parties sont des Etats, des Organisations internationales et des particuliers.
De ce cours qui a pourtant 60 ans, on pourra relever plusieurs remarques qui sont toujours d’une brulante actualité. L’une d’entre elles concerne le caractère définitif de l’arbitrage. Élément central du débat en arbitrage international, il vient de “deux exigences sociales, opposées : d’une part il y a l’obligation qui résulte de l’accord d’arbitrage, de respecter la sentence comme res judicata ; d’autre part le souci de corriger les injustices ou les erreurs d’une décision contraire au droit ou au compromis” ; éternelle balance entre deux (irréconciliables ?) fins en soi.
D’autres éléments, plus prosaïques, sont également abordés. Ils concernent par exemple les qualités des arbitres. Il conseille déjà aux futurs arbitres d’écrire peu. Car même si “l’homme absurde est celui qui ne change jamais”, l’analyse de l’oeuvre scientifique d’un arbitre révèle beaucoup de choses sur celui-ci. Pierre Lalive rappelle l’influence de l’homme sur l’institution (le tribunal) et l’outil (le droit). Le procès international n’est pas celui qui oppose “une thèse juste à une thèse inadmissible”. C’est avant tout “une lutte plus subtile […] entre des intelligences et des dialectiques opposées, une lutte où, toutes choses égales d’ailleurs, le mieux armé, le mieux préparé l’emportera généralement”. La fourmi est une plaideuse internationale dans l’âme.
Enfin, on pourra relever des critiques plus gĂ©nĂ©rales sur la matière : “caractère encore imprĂ©cis et primitif du droit des gens”, qu’il cherchera Ă amĂ©liorer tout au long de sa carrière (Du courage dans l’arbitrage international). Pierre Lalive dĂ©bute son cours en rappelant un des problèmes fondamentaux du droit international et de l’arbitrage : la mĂ©connaissance du grand public. “on ne peut manquer d’être frappĂ© de l’ignorance assez gĂ©nĂ©rale qui règne Ă l’égard de l’arbitrage international. L’opinion publique est-elle informĂ©e du rĂ´le des tribunaux internationaux ? A peine ! [Lorsqu’ils parlent de l’activitĂ© de la CIJ par exemple,] les journaux sĂ©rieux […] relèguent en cinquième ou sixième page une brève dĂ©pĂŞche d’agence parce que, disent-ils, cela n’intĂ©resse pas le lecteur !”. Aujourd’hui encore, on ne retrouve ce genre d’information que dans des critiques ponctuelles, dont l’intĂ©rĂŞt est avant tout de surfer une mode “grande vague mesmĂ©rique de goĂ»ts et de dĂ©goĂ»ts” (Paul Morand) ou de remplir la “rubrique des chiens Ă©crasĂ©s”, loin d’un but informatif ou pĂ©dagogique (e.g. L’arbitrage international, une justice sur la sellette, Le Monde, 24 aout 2018).
Par Charles-Maurice Mazuy
Le cours du professeur Pierre Lalive est à découvrir en version papier à la bibliothèque de l’IHEI. Aucune prêt ni reproduction n’est autorisé.
Table des matières
Volume I – La constitution du tribunal arbitral
Introduction
1ère partie : La création du tribunal arbitral
Chapitre I : La composition du Tribunal arbitral
Section 1 : Les divers systèmes possibles : unité ou pluralité ?
- Arbitrage unique
- Avantages de la pluralité
Section 2 : Nombre des Arbitres
- tribunal arbitral de 5 membres
- tribunal arbitral de 3 membres
- autres formations
Chapitre II : Les modes de désignations des Arbitres
Section 1 : Désignation du, ou des, tiers membre(s)
Section 2 : Désignation de l’Arbitre “national”
Chapitre III : L’absence de stipulations conventionnelles sur la composition du tribunal arbitral
Chapitre IV : Le choix des Arbitres
Section 1 : Compétence scientifique
Section 2 : Connaissance des langues
Section 3 : Nationalité
Section 4 : Impartialité
Conclusion
2eme partie : La vie du tribunal arbitral
Chapitre 1 : Le décès ou l’incapacité de l’Arbitre
- Perte de fonctions officielles en cours de procédures
Chapitre II : La récusation
Section 1 : Les causes de récusation (généralités)
Section 2 : L’instance compétente
Chapitre III : Le retrait de l’Arbitre
- Remarques préliminaires
Section 1 : le retrait d’un arbitre avant le début de la procédure
Section 2 : Retrait de l’Arbitre en cours de procédure
Section 3 : Caractère licite ou illicite du retrait de l’arbitre
Section 4 : Les conséquences d’un retrait illicite
Conclusion
Chapitre IV : Reconstitution du tribunal et déroulement de la procédure
Volume II – Les voies de recours contre les sentences arbitrales internationales
Introduction
Section 1 : Généralités
- Caractère définitif de la sentence arbitrale
- La sentence est “sans appel”
Section 2 : L’interprétation des sentences arbitrales
1ère partie : la révision des sentences arbitrales
Définition
Chapitre 1 : Le principe et les conditions de la révision. Admissibilité de la révision
Conditions de la révision
- Généralités
- Faits justificatifs
- Délai
Chapitre II : L’instance et la procédure
- Instance de révision
- Procédure
2ème partie : La nullité des sentences arbitrales
Introduction
- Le Principe de la nullité
- Inexistence de la nullité
Chapitre I : La solution des litiges concernant la nullité d’une sentence arbitrale
Section 1 : Les parties ne sont pas liées par un engagement d’arbitrage
Section 2 : Les parties sont liées par un engagement d’arbitrage
I. L’article 36 alinĂ©a 2 du Statut
II. L’acte GĂ©nĂ©ral d’Arbitrage
III Textes et projets divers relatifs Ă une instance de recours
- Projet de l’Institut de Droit International
- Conférence de La Haye
- Projet de la S.D.N.
- Le “modèle” de la C.D.I.
Chapitre 2 : Les causes de nullité
Section 1 : La nullité de l’engagement d’arbitrage ou du compromis
Section 2 : La nullité de la nomination de l’arbitre
Section 3 : L’incompétence de l’arbitre “ratione temporis”
Section 4 : L’excès de pouvoir
- Généralités
- Les cas d’excès de pouvoir
- Excès de pouvoir quant à l’objet du litige
- Excès de pouvoir quant aux règles de fond à appliquer
- Excès de pouvoir et fausse application du droit
- Excès de pouvoir et erreur de droit
- Excès de pouvoir et domaine réservé
Section 5 : Autres motifs de nullité
Introduction
I. Absence de délibération, ou délibération irrégulière
- Absence de l’arbitre
- Sentence rendue sans délibération
II. Défaut ou insuffisance de motifs
- Devoir de motiver
- Insuffisance des motifs
III. Violations du droit d’être entendu – Droit Ă l’égalitĂ©
- “Audiatur et altera pars”
- Droit à l’égalité
IV. Corruption de l’arbitre
- Les précédents
- Les limites au droit d’invoquer la corruption
- Simple partialité
- Interdiction de préjuger
V. Fraude des parties
- Les précédents
- Fraude des deux parties
CONCLUSION
N’y a t’il pas une version numĂ©rique du cours!?
Cher Monsieur,
Merci de votre intĂ©rĂŞt pour le cours. Cependant, il n’est disponible qu’en version papier Ă la bibliothèque de l’IHEI (12 place du PanthĂ©on, Paris, cote 7.IHEI.39) pour consultation. Toute reproduction est interdite.
Bien cordialement